Bernard GUIGNARD, Conseil stratégie & management

Le profit … c’est comme l’amour

Le profit, c’est comme l’amour

  • Lorsqu’on le traque avec acharnement et avidité : il nous échappe
  • Lorsqu’on le partage : il revient doucement mais sûrement.

Vision romantique ? Idéaliste ? Pas tant que ça, de ce que j’ai observé en parcourant le monde, en m’immergeant dans des entreprises, en refaisant le monde avec des dirigeants, le soir autour d’un repas, dans un jardin après de dures journées sous le soleil de pays trop chauds, ou autour d’un feu quand la neige fouette les fenêtres au fin fond de la Russie. Alors comment ça marche ? En vérité c’est assez simple et réellement proche de la vie humaine.

Profit mal envisagé : plus souvent un problème de manque de recul, que de vraie cupidité.

Un entrepreneur vit souvent son entreprise par fractions d’heures, par gestion d’un agenda qui se noircit plus vite que son ombre. Finalement, il a peu de temps pour voir plus loin. Il conduit son entreprise comme on conduirait une voiture à 280 km/h vitesse de croisière sur un circuit de type rallye, peu sécurisé et sur lequel tournent aussi des concurrents. En général, ça crisse, l’expérience permet des dérapages contrôlés. On apprend à freiner puis accélérer pour rattraper un retard. Parfois c’est plus turbulent, parfois c’est mortel pour les concurrents, mais aussi pour des collaborateurs, des employés, des partenaires, et même pour des clients. A cette vitesse, dans l’environnement interne ou externe de l’entreprise, il ne faut pas se trouver au mauvais moment, au mauvais endroit. En résumé : au bout de quelques années, le circuit est bien maîtrisé, la voiture est en quasi pilotage automatique : le dirigeant pense à gérer ce qui se trame à 5 kms plus loin, guère plus.

Un constat : la stratégie de l’entreprise se réalise sur un circuit en boucle, qu’on élargit pour gagner des parts de marché.  Au pire, il s’agit souvent ce que j’appelle des « stratégiettes », certains sont plus honnêtes ils les nomment une succession de tactiques, mais là … il s’agit plutôt de stratégies de subalternes qui agissent en terrain et objectifs limités sous les ordres éloignés du général.  Au mieux, il s’agit d’un véritable itinéraire où tout est prévu.  Evidemment, pas le choix : pendant ce temps la voiture continue de rouler, et la stratégie se fait le plus souvent en situation « embarquée » avec tout l’équipage.

Parfois, le chef d’entreprise se fait une grosse frayeur. Un arbre a traversé la route, l’obstacle semble insurmontable. Parfois, au énième tour de circuit, il constate avec effroi que son circuit s’est rétrécit et que ses concurrents lui on piqué son espace de clientèle ! Parfois il constate que le carburant de son bolide atteint des sommets et il n’est plus compétitif  ! La faute de l’Etat « Allo Monsieur le ministre, s’il vous plait baissez les charges, je suis en train de sortir de la course !« . De nombreuses pannes et avaries peuvent altérer cette course : les marges diminuent, les capacités d’investissement s’amenuisent, l’équipe qui se désorganise, les nombreux symptômes de la démotivation s’accumulent :  absences, accidents du travail. Alors on ressert les boulons on active à outrance carottes et bâtons, on déclenche des compétitions internes, on frise les limites, parfois on va au-delà et on entend le mot « burn-out » hurler à l’intérieur, jusqu’à le voir placardé dans la presse.

Et finalement presque tous les symptômes remontent à la problématique du profit qui peut se décliner en « comment augmenter le profit ? »,  « Comment retrouver le profit ? », « Comment stabiliser le profit », « Comment maintenir un profit durable ? »… Parfois c’est tellement évident que la question n’est même pas évoquée. Plus souvent, c’est parce qu’on s’attache à résoudre un problématique ponctuelle, fonctionnelle – tout en oubliant l’ombre qui plane réellement au-dessus de ce problème.